Bien qu’elle n’ait pas été autorisée sur le marché à cette fin, la metformine est l’un des traitements les plus couramment prescrits aux femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques.
Il s’agit d’un antidiabétique oral prescrit pour traiter les patients atteints de diabète de type 2 et notamment, ceux qui se trouvent en situation de surpoids ou d’obésité.
La metformine est utilisée depuis la fin du XXème siècle pour normaliser l’activité ovarienne et promouvoir la perte de poids chez les femmes souffrant du SOPK, en raison de son action sur la sensibilité à l’insuline et sur les taux de testostérone.
Certaines d’entre vous ont pris ou prennent ce médicament.
Cependant, selon les dernières études scientifiques, la metformine ne serait plus considérée comme un médicament utile pour les patientes souffrant du SOPK et souhaitant tomber enceinte et/ou perdre du poids.
En effet, aujourd’hui, de nombreux experts s’accordent à dire que la metformine ne devrait pas être utilisée en tant que traitement de première intention chez la femme atteinte de SOPK. De surcroit, il existe des alternatives exemptes des effets secondaires liés à ce médicament.
Dans cet article, nous résumons pour vous ce que nous dit la science au sujet de la metformine dans le traitement des symptômes du SOPK.
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L’utilisation de la metformine dans le traitement de l’infertilité liée au SOPK: une approche obsolète?
Vous êtes nombreuses à nous avoir indiqué que l’on vous a prescrit de la metformine dans le cadre de votre parcours de procréation médicalement assistée (PMA). Cela ne nous surprend pas puisque l’infertilité est l’une des principales raison pour laquelle on prescrit de la metformine aux femmes souffrant du SOPK.
Pourquoi? Car d’anciennes études ont montré que la metformine améliorerait les cycles ovulatoires (Barbieri RL., 2003, PMID: 12681887) et les taux de grossesse clinique (Batukan C. et. al, 2001, PMID: 11561739) chez les femmes atteintes du SOPK.
Cependant, la metformine ne conduirait pas pour autant à un plus grand nombre de naissances vivantes (source). Autrement dit, s’il est probable que la metformine permette d’obtenir un taux plus important de grossesse, elle ne permettrait pas pour autant d’augmenter les chances de mener une grossesse à terme et d’avoir un bébé.
A cet égard, les directives de l’Endocrine Society, une instance américaine faisant autorité dans le domaine de l’endocrinologie, indique que la metformine est bénéfique pour traiter les irrégularités menstruelle mais qu’elle a un avantage limité ou nul pour traiter l’hirsutisme, l’acné et/ou l’infertilité (Legro RS. et. al, 2013, PMID: 24151290).
Ce qu’il faut également garder à l’esprit lorsque la metformine est considérée comme une option thérapeutique en cas d’infertilité liée au SOPK, c’est qu’elle est susceptible d’impacter vos niveaux de vitamines B12 (Kim J. et. al, 2019).
Or la vitamine B12 est tout aussi essentielle au bon déroulé d’une grossesse que l’acide folique (ou vitamine B9). En effet, en cas de carence en vitamine B12, il existe un risque de naissance prématurée ou de réduction du poids du nouveau né à la naissance (source), ainsi qu’un risque deux à quatre fois plus élevé de spina bifida (source).
Si vous suivez un parcours de PMA et que l’équipe médicale en charge souhaite vous prescrire de la metformine, nous vous recommandons dès lors de lui présenter ces éléments et de l’interroger sur l’opportunité de ce traitement dans votre cas particulier. Cela vous permettra de comprendre les raisons de cette prescription et de discuter des éventuelles alternatives thérapeutiques.
L’intérêt (quasi nul) de la metformine pour favoriser une perte de poids chez la femme SOPK
Si votre objectif est de perdre du poids et que l’on vous a prescrit de la metformine à cet effet, il y a de quoi être dubitative.
Selon une méta-analyse réalisée en 2017, la metformine n’a presque pas d’effet sur la perte de poids et n’entraînerait qu’une légère modification du rapport taille/hanche (Morley LC. et. al, 2017, PMID: 29183107).
Méta-analyse: méthode de recherche combinant les résultats d’une série d’études indépendantes sur un sujet donné. Elle permet de tirer des conclusions globales et d’affiner l’analyse scientifique par l’augmentation du nombre de cas étudiés.
En outre, certains experts en gynécologie considèrent que la metformine ne produirait pas une perte de poids suffisante pour être considérée comme un médicament amaigrissant (source).
Si vous êtes sous metformine, ces constats ne doivent pas vous décourager. Au contraire, initiez un dialogue avec les médecins sur les raisons qui ont motivé la prescription de ce médicament et sur sa nécessité. Cela vous permettra éventuellement de vous tourner vers des solutions plus durables et respectueuses de votre santé.
Au-delà de ces considérations, il vous faut absolument garder la chose suivante à l’esprit: la prise de poids est, tout comme les autres symptômes du SPOK, causée par les principaux moteurs de l’expression de cette pathologie, à savoir un niveau anormalement élevé d’androgènes et une inflammation chronique.
Pour tout savoir sur les causes du SOPK, ses symptômes, son diagnostic et ses traitements, accédez à notre guide pratique juste ici.
Dans un essai contrôlé randomisé, un groupe de femmes minces et en bonne santé s’est vu administré des hormones sexuelles androgènes (celles qui sont anormalement élevées chez la femme souffrant du SOPK).
Essai contrôlé randomisé: protocole expérimental entre un groupe dit d’intervention et un groupe dit témoin qui permet notamment d’établir formellement des liens de causalité.
L’augmentation des androgènes a provoqué chez ces femmes une augmentation des biomarqueurs inflammatoires, ainsi que des changements dans la régulation de leur glycémie. A cet égard, nous noterons que l’inflammation est montée en flèche après que l’on ait administré du glucose aux sujets du groupe d’intervention.
Cette étude nous donne les deux informations suivantes:
- ce sont les androgènes élevés et l’inflammation qui sont à l’origine des symptômes du SOPK, et ce indépendamment du poids de la patiente;
- la résistance à l’insuline et la prise de poids sont le résultat de ces mécanismes sous-jacents.
Autrement dit, un traitement par metformine ne s’attaque pas aux causes profondes de votre résistance à l’insuline que sont un niveau élevé d’androgène et une inflammation chronique. Dès lors, son action sur la perte de poids ne peut qu’être limitée.
La bonne nouvelle, c’est qu’en adoptant une alimentation et un mode de vie adapté, il est possible d’agir sur ces mécanismes afin d’inverser les symptômes qu’ils causent. En effet, le meilleur moyen pour perdre du poids avec un SOPK est de réduire l’inflammation par le biais de l’alimentation. Si l’exercice physique, le sommeil et la gestion du stress peuvent également vous aider, ce que vous mangez est de loin l’élément le plus important.
La perte de poids n’est alors pas une fin en soi, mais la conséquence directe et naturelle des changements qui sont mis en place.
A lire: nos stratégies pour vous aider à perdre du poids (sans régime)
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Metformine: une solution de fortune pour prévenir le diabète de type 2?
Parce qu’elle permet de diminuer l’excès de sucre et d’augmenter la sensibilité à l’insuline, la metformine peut réduire les risques qu’une résistance à l’insuline (70% des femmes souffrant du SOPK sont concernées) ne se transforme en diabète de type 2.
Elle est donc également prescrite aux femmes atteintes du SOPK dans une logique de prévention de ce risque.
Mais nous l’écrivons régulièrement dans nos pages et nous l’avons rappelé un peu plus haut: la résistance à l’insuline est due aux deux mécanismes sous-jacents du SOPK, c’est à dire un niveau anormalement élevé d’androgènes et une inflammation induite par un régime alimentaire inadapté.
C’est notamment pour cette raison qu’une alimentation “saine” n’est pas une panacée lorsqu’il s’agit d’inverser les symptômes du SOPK. Ce qui fera la différence, c’est une alimentation ciblant spécifiquement la réduction de l’inflammation dans votre organisme.
A lire: Alimentation et inflammation chez la femme SOPK
Voyez-vous où nous voulons en venir?
La metformine agit certes sur la sensibilité à l’insuline mais si vous ne changez par ailleurs rien à ce que vous mangez, les causes de votre résistance à l’insuline ne seront pas traitées. Vous n’en aurez que masqué les symptômes.
A lire: Les principes d’une alimentation anti-SOPK
La science a d’ailleurs des choses intéressantes à dire sur l’utilisation de la metformine dans la prévention du diabète de type 2.
En effet, dans le cadre d’une étude menée par un groupe de recherche sur la prévention du diabète, 3234 personnes présentant un risque de diabète ont été soumises soit à un traitement par metformine, soit à un programme intensif de 24 semaines axé sur le régime alimentaire et l’exercice physique, sur une période de suivi moyenne de 2,8 ans.
Les résultats sont édifiants: parmi le groupe soumis à un traitement par meformine, le risque de diabète a été réduit de 31% tandis que pour le groupe soumis aux changements de régime alimentaire et à l’exercice physique, le risque de diabète a diminué de 58% (Knowler WC. et. al, 2002, PMID: 11832527).
Ce que la recherche a également mis en lumière, c’est que la majorité des bénéfices obtenus par la metformine ne persistent pas après l’arrêt du traitement. Autrement dit, tout comme la pilule contraceptive, la metformine ne fonctionne qu’aussi longtemps que vous la prenez.
Là-encore, utilisez ces éléments pour initier un dialogue avec votre endocrinologue et/ou votre gynécologue. Discuter avec elle ou lui de l’opportunité de prendre de la metformine pour prévenir un risque de diabète de type 2 lié à votre SOPK, et des éventuelles alternatives.
L’étude précitée illustre clairement l’efficacité des interventions diététiques pour prévenir le diabète de type 2, et il nous semble préférable de privilégier cette option thérapeutique à chaque fois que cela est possible, en accord avec votre médecin.
En attendant, quelque soit la voie de traitement choisie, adopter pour une alimentation anti-inflammatoire et favorisant la sensibilité insuline est un absolu “must do” si vous avez pour ambition de combattre les causes profondes du SOPK.
A lire: SOPK, insuline et santé métabolique
Nous espérons que cet article vous servira dans le cadre de votre parcours de soins. Imprimez-le afin de pouvoir, si nécessaire, le montrer à votre médecin.
N’hésitez pas à nous faire part de la moindre question en commentaires.
A bientôt sur le blog.
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