Depuis ce lundi 24 janvier 2022, le passe sanitaire a été transformé en passe vaccinal. La loi n° 2022-46 du 22 janvier 2022 renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire et modifiant le code de la santé publique n’est ni plus ni moins que le douzième texte relatif à la crise sanitaire depuis que l’épidémie de SARS-CoV-2 a débuté
Dès aujourd’hui, le passe vaccinal sera donc exigible dans presque tous les lieux où le passe sanitaire était nécessaire, ce qui veut dire concrètement que pour les plus de 16 ans, seules les personnes ayant un schéma vaccinal complet (deux doses ou une en cas d’infection préalable + une dose de rappel), ou un certificat de rétablissement, pourront accéder aux bars, restaurants, activités de loisirs, foires et salons professionnels, aux transports inter-régionaux et, dans certains cas, aux grands centres commerciaux.
Avec l’avènement du vaccin, de nombreuses inquiétudes se sont élevées quant à ses conséquences potentielles sur la fertilité des femmes et sur leurs cycles menstruels, relayées sur les réseaux sociaux ou lors de discussions entre amis et en famille.
Mais que nous dit la communauté scientifique et que nous suggère le dernier état de la recherche?
Dans cet article, nous vous livrons les conclusions des scientifiques sur le sujet, afin que vous puissiez faire les choix les plus éclairés possibles pour votre santé hormonale et votre fertilité.
1. Vaccin, Covid-19 et santé reproductive
À l’été 2021, plusieurs cas de saignements ou de règles plus abondantes ont été rapportés par des femmes ayant reçu le vaccin Pfizer ou Moderna. En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé avait signalé ces effets auprès de l’Agence européenne des médicaments.
Or, aucun lien n’avait pu être clairement établi.
En outre, de nombreuses femmes ont rapporté que la vaccination ou une infection à la Covid-19 aurait eu un impact sur leur équilibre hormonal et/ou déréglé leurs cycles menstruels. Ces témoignages, relayés sur les réseaux sociaux, ont alimenté les inquiétudes des femmes quant aux conséquences potentielles du vaccin (et de la Covid-19) sur leur fertilité et leur santé hormonale.
Mais ces craintes sont-elles fondées?
De nombreux facteurs peuvent venir perturber le cycle menstruel de la femme, et des saignements au cours du cycle ou un retard de règles ne signifie pas nécessairement que la fertilité est compromise.
De plus, des facteurs sociaux et psychologiques liés à la pandémie ont pu perturber la santé sexuelle de la population (source).
Je me suis moi-même posée des questions lorsque j’ai été vaccinée contre la Covid-19 au printemps 2021. J’ai noté un raccourcissement de mes cycles menstruels, ce qui dans mon cas était plutôt une bonne chose car ils ont tendance à faire 42 jours en moyenne, ce qui est un peu long. Cependant, au même moment, je démissionnais d’un travail très stressant et modifiais assez significativement ma façon de faire du sport. Je suis donc incapable d’attribuer ce changement dans mes menstruations à l’une ou l’autre cause.
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Alors que nous disent les scientifiques sur le sujet?
En premier lieu, dans un rapport du comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance du 5 août 2021 à destination de l’agence européenne du médicament, il n’a été trouvé aucun lien causal entre la vaccination contre la Covid-19 et les troubles du cycle menstruels tels que rapportés par de nombreuses femmes.
Ensuite, selon des recherches menées sur 237 femmes ayant contracté le SARS-CoV-2, aucune perturbation significative du cycle menstruel n’aurait été constatée postérieurement à l’infection (source).
Autrement dit, à ce jour et sur le plan physiologique, il n’a pas été démontré que la Covid-19 ou la vaccination affecterait les cycles menstruels et/ou la fertilité des femmes.
Cela ne veut pas dire que des problèmes de menstruation sont à prendre à la légère. Ils peuvent en effet être synonymes de pathologies telles que l’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques ou encore être le signe de la formation de fibromes utérins.
Ceci étant dit, au-delà de ce que disent les hommes et les femmes de science, il y a les convictions que chacun·e se forge sur son état de santé et sur les mesures qu’il ou elle souhaite prendre pour protéger et maintenir cet état de santé.
Notre souhait ici est simplement de vous rendre destinataire d’une information fiable et accessible afin de vous placer en situation d’effectuer vos choix de la façon la plus éclairée possible.
Et du côté des hommes?
Des recherches suggéreraient qu’il pourrait y avoir un impact de la Covid-19 sur la fonction testiculaire, la production de sperme et la fertilité masculine. En effet, si à ce jour aucun lien n’a été formellement établi entre vaccination et infertilité masculine, de nombreux articles scientifiques explorent la façon dont une infection à la Covid-19 pourrait éventuellement avoir un impact sur la fertilité des hommes (source).
En toutes hypothèses, une forte fièvre déclenchée par n’importe quelle infection peut impacter la spermatogenèse de manière transitoire (source).
Dans la même veine, il convient de noter qu’une étude antérieure l’épidémie de Covid-19 a mis en évidence une augmentation des risques de naissance prématurée et de fausse-couche lorsque les mères ou les pères ont expérimenté une infection systémique sévère telles qu’une septicémie, hypotension, insuffisance respiratoire, ou ayant reçu des soins intensifs pendant la période précédent la conception. Ceci donne donc quelques pistes sur les effets potentiels d’une forme grave de Covid-19 sur la santé reproductive en aval de la grossesse.
Quoi qu’il en soit, il convient de rappeler que l’infertilité se définit comme l’absence de grossesse après 12 à 24 mois de rapports sexuels réguliers (à raison de deux à trois fois par semaine) et non protégés (source). Dès lors, compte-tenu de cette définition et comme le rappellent justement certains scientifiques, le SARS-CoV-2 n’existe tout simplement pas depuis assez longtemps pour que les scientifiques disposent d’informations suffisantes pour évaluer ses effets possibles sur la fertilité féminine et masculine.
Infection à la Covid-19, vaccination et santé reproductive – ce que l’état de la recherche suggère:
- Les hommes devraient privilégier la vaccination pour prévenir les risques potentiels d’une infection à la Covid-19 sur leur fertilité
- Il n’existe pas de preuve scientifique qui relierait l’infection à la Covid-19 ou la vaccination contre la Covid-19 à l’infertilité féminine
2. Covid-19 et grossesse
Tout d’abord, il existe une théorie selon laquelle la vaccination ou l’infection par le SARS-CoV-2 pourrait détruire le placenta par une réaction immunitaire de l’organisme. Cette croyance s’appuie sur une similitude présumée entre la protéine spike (ou protéine S) du virus et la syncytine-1 qui joue un rôle fondamental dans la formation du placenta.
Cette allégation a été testée dans une étude récente qui n’a montré aucune réaction immunitaire entre la protéine spike et la syncytine-1 (source), réfutant ainsi la théorie selon laquelle il existerait un risque de lésion placentaire après l’administration d’une vaccination contre la Covid-19.
En outre, aucune altération de la nidation de l’embryon chez les femmes enceintes vaccinées ou infectées par la Covid-19 n’a été observée par rapport aux femmes séronégatives (source).
Ensuite, une étude mondiale parue en avril 2021 indique qu’il existe bel et bien un risque de complications chez les femmes enceintes qui sont infectées par le SARS-CoV-2 (source).
Selon cette étude, à laquelle les chercheurs de pas moins de 43 maternités et 18 pays ont participé, le risque de mortalité est vingt fois plus élevé chez les femmes qui ont contracté la Covid-19 au cours de leur grossesse par rapport à celles qui n’ont pas contracté le virus.
Il convient toutefois de préciser qu’à ce stade, les scientifiques n’ont pas démontré que la Covid-19 serait plus dangereuse pour les femmes enceintes que pour celles qui ne le sont pas. C’est en réalité la prise en charge d’une éventuelle détresse respiratoire de la femme pendant sa grossesse qui est source de complications.
Une autre étude a montré que le risque de naissance prématurée pendant ou après une infection par le SARS-CoV-2 se situerait en moyenne entre 10 et 25%, et irait jusqu’à 60% lorsque la femme enceinte contracte une forme sévère de la maladie (source). Là-aussi, il s’agit le plus souvent d’accouchements prématurés qui ont été déclenchés afin de mieux pouvoir soigner la détresse respiratoire de la mère.
En outre, des résultats obtenus par l’hôpital Bichat en France montrent que les femmes enceintes d’au moins 22 semaines, diagnostiquées positives à la Covid-19, avaient plus de risques de complications de leur grossesse et de l’accouchement (source).
Enfin, une étude réalisée en Ecosse sur 87000 femmes et publiée en janvier 2022 corrobore ces constatés, puisqu’elle montre que contracter la Covid-19 pendant la grossesse peut entraîner un risque accru de mortalité et de naissance prématurée du bébé (source).
Les femmes enceintes sont considérées comme un groupe à risque de développer des formes graves de Covid-19 par le Haut Conseil de la Santé Publique et la Haute Autorité de Santé.
Et qu’en est-il de la vaccination?
A ce jour, toute femme en cours de grossesse peut se faire vacciner contre la Covid-19 à raison de trois doses.
Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français se positionne d’ailleurs en faveur de la vaccination des femmes enceintes, considérant que le risque d’infection ou de morbidité lié au virus serait supérieur au risque lié à la vaccination.
En outre, un groupe de travail de l’agence européenne de médecine s’est penché sur une douzaine d’études réalisées sur 65 000 femmes enceintes ayant reçu une vaccination contre la Covid-19. Selon le communiqué du régulateur européen publié le 18 janvier, “l’examen n’a identifié aucun signe d’un risque accru de complications pendant la grossesse, de fausses couches, de naissances prématurées ou d’effets indésirables chez les bébés à naître après la vaccination par vaccin anti-Covid ARNm”. Il ajoute que “les avantages des vaccins anti-Covid à ARNm pendant la grossesse l’emportent sur tous les risques possibles pour les femmes enceintes et les bébés à naître“.
Vaccin, Covid-19 et grossesse – ce que suggère l’état de la recherche:
- L’administration du vaccin contre la Covid-19 ne provoquerait pas de lésion placentaire
- Pour les femmes enceintes, le risque d’infection ou de morbidité lié au virus est supérieur à celui lié à la vaccination
3. Vaccin et procréation médicalement assistée
Tout d’abord, il convient de préciser que le passe sanitaire est maintenu pour l’accès aux hôpitaux, aux cliniques, c’est à dire que les malades et les accompagnants peuvent y accéder sur présentation d’un schéma vaccinal complet, d’un test négatif à la Covid-19 ou d’un certificat de rétablissement.
Ensuite, est-ce que le vaccin contre la Covid-19 est susceptible d’impacter vos chance de succès en PMA?
Dans le cadre d’une étude observationnelle publiée en mai 2021, 36 couples qui se sont engagés dans un processus de fécondation in vitro (FIV) entre 7 et 86 jours après avoir reçu le vaccin contre la Covid-19 ont été examinés avant et après la vaccination. Les résultats indiquent qu’aucune différence n’a été observée au niveau de l’activité ovarienne, ni aucune modification des caractéristiques des embryons (source).
Par ailleurs, le sperme de 45 hommes en bonne santé a été analysé avant et après l’injection de deux doses de vaccin à ARNm contre la Covid-19 et aucune différence n’a été observée au sein du liquide séminal (source).
En toutes hypothèses, il convient de prendre en compte les effets secondaires potentiels de la vaccination tels la fièvre et la fatigue sur la physiologie de la femme et de l’homme (source).
En outre, il est recommandé de patienter quelques jours après avoir reçu le vaccin contre la Covid-19 pour démarrer un traitement de procréation médicalement assistée, afin notamment que les effets secondaires du vaccin ne soient pas attribués par erreurs aux effets du traitement (source).
Vaccin et procréation médicalement assistée – ce que suggère le dernier état de la recherche:
- L’administration du vaccin contre la Covid-19 n’impacterait pas l’activité ovarienne, la qualité du sperme ou les caractéristiques des embryons.
- ll est préférable d’attendre une semaine entre l’administration de la dernière dose et le début du protocole de procréation médicalement assistée
4. Qu’en est-il du Covid-19 et du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)?
En tant que femme souffrant du syndrome des ovaires polykystiques, je me souviens parfaitement de ma réaction au début de la pandémie: “oh non, je commence à peine à remettre mon corps sur les rails et à dompter une pathologie alimentée par l’inflammation chronique, et je risque désormais de contracter un virus qui affole le système immunitaire et dont personne ne sait rien“.
Je me souviens aussi voir songé avec effroi à toutes les femmes (et par extension, les hommes) engagées dans un parcours de PMA, qui voyaient leur espoir d’accueillir bientôt un bébé pulvérisé par les annonces de fermeture des centres.
Bien heureusement, nous avons depuis appris deux trois choses sur la Covid-19 et nos vies se sont (plus ou moins) normalisées. Et des études plutôt rassurantes paraissent sur les effets potentiels du SARS-CoV-2 sur nos corps et notre fertilité.
Mais qu’en est-il de la Covid-19 lorsque l’on souffre du SOPK?
Pour celles et ceux qui ne nous lisent pas fréquemment, le syndrome des ovaires polykystiques est une pathologie endocrinienne caractérisée par un niveau élevé d’androgènes, des règles absentes ou irrégulières et des ovaires d’aspect polykystique à l’échographie (il s’agit là des critères de Rotterdam, dont deux sur trois doivent être réunis pour que le médecin pose un diagnostique).
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Ce que beaucoup ignorent, c’est que les femmes atteintes du SOPK sont souvent plus susceptibles de souffrir de diabète de type II, de stéatose hépatique ou encore d’hypertension artérielle, qui sont considérés comme des facteurs de risque élevés pour la Covid-19.
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A cet égard, des scientifiques indiquent que “dans le contexte de la gestion fragmentée du SOPK, les comorbidités superposées telles que le diabète de type 2 éclipsent souvent le diagnostic sous-jacent de SOPK chez les femmes touchées“, et que par conséquent, “ce dernier ne devrait pas être négligé lors de l’examen des comorbidités chez les patientes du Covid-19“.
Mais surtout, une étude de cohorte menée par au Royaume-Uni pendant la première vague de Covid-19, et qui comprenait 21000 femmes atteintes de SOPK, a montre que les femmes souffrant de cette pathologie ont un risque 51 % plus élevé de contracter le SARS-CoV-2 par rapport aux femmes de même âge et de même milieu qui ne souffrent pas de cette affection (source).
Autrement dit, et comme si nos soucis pré-existants ne suffisaient pas, nous voilà exposées à un risque plus important que les autres femmes de contracter la Covid-19.
Comme toujours, notre philosophie chez les natives est de vous amener à faire de votre diagnostic une force et non une fatalité. Etre informée, c’est être en position de contrôle. Alors on redouble de vigilance et en cas d’infection, on n’hésite pas à communiquer à son médecin que nous sommes SOPK (et si besoin, on lui explique pourquoi nous pensons qu’il est judicieux qu’il ait cette information…).
Pour conclure, nous saluons les conclusions d’une étude parue en juillet 2020 qui énonce que “malgré les immenses défis posés par l’épidémie de Covid-19 aux systèmes de santé des pays touchés, il convient de s’attacher à maintenir un niveau élevé de soins pour les patients complexes tels que les nombreuses femmes atteintes du SOPK et de fournir des recommandations pratiques pertinentes pour une gestion optimale dans le cadre de cette pandémie à évolution rapide“.
Si vous avez des questions ou que vous souhaitez nous faire part de vos réflexions sur le sujet, laissez-nous un commentaire. Nous y répondrons avec plaisir.
Les Natives
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